Un tableau presque irréel
Je suis là, où le silence et le vent se succèdent, communiquent dans un langage indécodable, irrégulier et empli de beauté. Là, où les nuages dansent comme des ballerines et viennent épouser de leurs ombres les monts et les cimes, donnant un ultime coup de pinceau pour sublimer ces tableaux presque irréels.
Entouré du vert et du jaune des «Cortaderas» et de ces sols arides, surplombé par le rouge des roches poreuses et le blanc des dernières neiges au passage du printemps. Avec Le ciel tout en haut d’un bleu immaculé, les vaches et les chevaux en liberté, comme des éclaboussures dans les tons foncés de brun et de noir toujours en mouvement. Là, avec les oiseaux qui luttent ou se laissent porter par les courants qui traversent la vallée et nous rappellent que nous sommes des êtres libres. Jamais très loin des gauchos, ces hommes mystérieux qui défilent sur leurs chevaux avec leurs vieux chapeaux, leurs visages burinés par le temps, le soleil et le vent.
Je séjourne dans un hôtel construit au milieu des Andes, déserté en cette saison. Plus de mille-deux-cents mètres carré de surface habitable, du bois, des pierres, une déco sobre qui laisse de la place aux idées, aux rêves. Vous me direz qu’autant d’espace pourrait être déroutant? angoissant? Et pourtant ce que je ressens en ces lieux est un calme intérieur profond et délicieux.
Un décor majestueux qui prend un visage différent chaque jour, me raconte une autre histoire, me transporte vers d’autres dimensions. La nuit et enveloppante et si intense qu’elle révèle la vraie nature des astres, m’hypnotise et me rappelle que je suis qu’un grain de poussière flottant dans l’univers.
C’est avec Marco, Silvia et ma douce Yasmin que nous partageons ce bout de ciel. Ils nous reçoivent si chaleureusement et c’est un réel plaisir de découvrir leurs quotidiens. Echanger, rire autour d’une bonne bouteille de rouge, travailler de ses mains. Refaire le monde inlassablement et goûter à ce bonheur d’une vie simple, prenant naissance dans les grands espaces, corps à corps avec la «Pachamama» comme on l’appelle ici, sauvage, libre et enchanteresse.
Et il y a aussi Canela, Negrita, Junior, Nina, Luna, Blanquita et Chiquita. Des grands et beaux chiens qui gardent la propriété et qui nous accueillent comme leurs amis sur un tapis de tendresse. Et les chats qui ronronnent dans la cuisine, bondissent de partout, montent sur les toits, jouant leur rôle de vrais félins. Chiquita vient d’avoir une portée et nous suivons tous les jours l’évolution de ces petits bonheurs sur pattes.
Je flâne dans les hauteurs, loin des rumeurs de la ville, des émeutes, des mouvements politiques qui frappent en ce moment plusieurs pays d’Amérique du sud dont l’Argentine. Il m’est pourtant impossible de ne pas ressentir les échos de cet appel au changement, cette fatigue d’un système métastasé qui ne pourra plus durer longtemps ainsi. Un retour à la terre? Cultiver son jardin…intérieur? Partager les ressources plus équitablement? Éduquer nos enfants à «être» plus qu’à «avoir»? Utopie, utopie certains me diront! Et bien laissez-moi où je suis, là, avec mes rêves, car ce sont eux qui m’ont mené jusqu’ici et certainement les seuls qui ne m’ont encore jamais déçu.
Into the Wild Andes
With every step I take up the hill, the soles of my feet receive breath of life from the vibrant ground. Reaching the top, I pause and look to the sun, now rising in the valley. My hair billows in the soft, fresh morning breeze. As the sunshine kisses my skin the warmth floods its way to my heart. The sky drapes the night’s darkness with hues of light blue. Beams of orange light flood the valley, revealing the shine of a river snaking through the expanse of hay coloured planes. Cattle and horses graze on the moss, their tails flickering the light back and forth. Sunshine hits the peak of the mountains, revealing the jagged lines that split the large masses of rock. An air of mystery reigns while the shadows still linger. I take in the spacious immensity that surrounds me, marking my smallness in the world, giving me a sense of tranquil solitude. The song of small birds and the rustle of wind tickle my ears, a quiet orchestra of awakening.
I suddenly feel a presence behind my back and wheel around to find Canela, the sweet cinnamon coloured dog. She stops in her tracks, one paw up, her intelligent eyes studying me and my reaction. I smile and softly call her name. Tail wagging, she meets my outstretched hand with her nose, then presses the top of her head against my leg. Her appearance gives me the sense that no matter where we are, we are never really alone, a soft guardian spirit lives inside of us always.
I sit on the ground and we watch the rapidly progressing sunrise together. Behind us the scattered clouds are turning to pink, a painting in the making. Below us is the hotel infrastructure and the house in which Nadir and I are staying with the property’s caretaker Marco, his wife Silvia and its furry inhabitants. Indeed, besides Canela there are 4 other large dogs who guard the place (Negrita, Luna, Nina and Junior) as well as two cats and a litter of kittens. Wherever we go outdoors we are followed by the dogs, always calling for our attention. I take a moment each day to watch the kittens’ evolution with wonder, from being able to open their eyes to their first efforts to pop their heads above their box. It’s riveting to watch nature come alive in so many ways, there is never a day that looks and feels the same. This display of ephemeral, raw beauty undeniably brings us to presence.
Ever since arriving here a couple of weeks ago this vast space and dance of wind and silence have impressed a sense of peace on Nadir and myself. This immersion in wild nature has opened the gate to the well of tranquillity that lives within each of us. A place that offers a harbour of safety within the impressive Andes mountain range bordering us, which at the same time imposes a sense of clarity as powerful gusts of wind blast through the valley every day. Last night the full moon ascended into the sky, appearing among cherry clouds. As night fell, the moon illuminated everything, no place to hide. These stark contrasts somehow put us in a place of balance and serenity, an interesting ground to stand on. The extreme height, space and weather parameters contribute to this feeling, stripping us of everything we accumulate over the years. Is it only in this downsized, purified version of ourselves that we access our essence and encounter freedom?
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